vendredi 31 juillet 2015

Juste un mot

Pardon. Un mot que je dis trop, paraît-il. Un mot pourtant qui me fait du bien quand je le prononce. Il me semble, naïve que je suis, que ce mot gomme tous mes dérapages, mes erreurs, mes bévues, mes manquements. 
Je devrais peut-être moins m’excuser, être plus droite dans mes bottes…
Pardon. Un mot que l’on me dit rarement. Je me demande pourquoi, et j’essaie de chasser, comme on chasse une mouche importune, l’idée que je ne le mérite pas. Plus je suis navrée, désolée, moins les autres le sont envers moi…

Y a un truc qui m'échappe, là…  


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jeudi 30 juillet 2015

Un objet par terre

Tu m’as tuée, là, aujourd’hui, au téléphone, à me dicter ma conduite, à me prendre pour une petite fille, celle sans doute que je n’ai jamais cessé d’être à tes yeux, à t’imaginer que j’allais dire oui comme ça, que j’allais me résigner sagement…mais je ne suis plus une petite fille, et tu ne réussiras plus à me culpabiliser en essayant de m’apitoyer sur toi…
J’ai cru entendre encore ton pas dans le couloir quand tu venais me corriger d’avoir été insolente…Je tremblais du haut de mes petits treize ans…


Après avoir raccroché, tout à l'heure, j’ai eu l’impression de n’être qu’une vieille chaussette qu’on laisse tomber par terre.


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mercredi 29 juillet 2015

Sport

Connaissez-vous ces phrases de Cioran ? 
« Sensation d'un bonheur inouï. D'où peut-elle bien provenir ? Que tout cela est mystérieux et insensé ! Il n'y a rien de plus énigmatique que la joie ! »
Ou encore : 
« La connaissance détache un être de l’autre et annule les grains de mystère présents dans chaque existence…»

Mais alors, si l’on se trompait, à vouloir toujours tout savoir des autres, et même de soi ? Et si le Mystère était la valeur à cultiver sans relâche, le sport de l’âme, la source de joie ineffable, de désir et d’élan ?


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mardi 28 juillet 2015

Ce qui a été le plus court


Vous l’avez sûrement remarqué, le bon temps passe toujours trop vite. Il halète, éperdu, comme un coureur à bout de souffle, et accélère notre pouls.

Un tourbillon de bon temps : petits restaurants, soirées de jeu, grosses rigolades, l’exposition du plus célèbre des sorciers anglais, hammam entre filles, Musée Dali, les quais de Seine au petit matin, et sous une pluie fine à la Prévert et des ciels à la Sisley, les tours de Notre Dame et les marches de la Butte. Un weekend entier de bonheur à Paris. Voilà ce qui a été le plus court. Qui a dit trop court ?


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lundi 27 juillet 2015

Le fil

Un fil invisible me relie aux gens que j’aime. Fin comme la soie, solide comme l’acier. Indestructible, oui c’est ça, indestructible. Je regardais toute cette jeunesse, mes grands fils, mes douces nièces, ma belle-fille qui porte bien son nom. Je les regardais rire, tandis que mon fils aîné imaginait le dialogue entre Courbet et sa femme quand il a peint l’origine du monde… c’était désopilant.

Même quand je m’éloigne dans le silence, les gens que j’aime savent que le fil ne se rompt pas. Il faudrait vraiment pour cela que je me fasse malencontreusement manger par un ours. La probabilité est donc assez minime, somme toute.


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dimanche 26 juillet 2015

Manque

Il est bien rare que notre quotidien ne manque pas de quelque chose. Mais pourquoi ? Serions-nous éternellement insatisfaits ? Aurions-nous une sorte de  jauge de référence avec un niveau idéal en-deçà duquel nous éprouverions cette sensation de manque ?
Le bonheur ne consisterait pas simplement à abaisser ce niveau critique ? Et à nous sentir ainsi plus facilement comblés ?

Ainsi, aujourd’hui, avec dix-huit petits degrés, à Paris, il me manquait un peu de la chaleur de mon sud…mais je me suis dit que si nous étions en janvier, cette température me paraîtrait d’une douceur exceptionnelle. Ça a marché.


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