Ce qui demeure immobile

« Savoir que l’humain contemple le même cosmos depuis son avènement nous donne la mesure de notre précarité et de notre grandeur. Tout est immobile. L’espace et la nuit se joignant au silence pour parfaire la gigantesque matrice où les hommes pris de sommeil sont enfin unis à l’univers tout entier…Et chacun d’eux qui est énigme, tourment et joie n’est plus à présent qu’une réponse sans question… »

Pierre Rabhi

Je suis sortie respirer un peu d’air frais. Les bulles de champagne me tournaient la tête. Peut-être est-ce ma vie qui me tourbillonne. Tout bouge, tout change. Rien ne demeure immobile. Rien, à part mes chères étoiles diaprées dans une trouée de ciel entre deux averses. Et je repense à Pierre Rabhi.

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Une phrase que j'ai dite

 C’est une phrase de mousse douce et de coton. Elle enveloppe, elle rassure, c’est un souffle de mère, un cri chuchoté et inquiet qui sort tout seul du cœur et vient se poser comme un parfum au creux du cou, dans les cheveux, sur le lobe de l’oreille. 

C’est une phrase que j’ai beaucoup dite aujourd’hui, une injonction tendre que je ne peux retenir, parce qu’il y a toujours ce moment fatal où le charme se rompt, où la réalité nous fait entendre une énième fois le petit bruit sec des ciseaux sur le cordon ombilical... « Attention sur la route, sois prudent, je t’aime, appelle-moi ».



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On ne me la fait pas, à moi !

On vous la fait à vous ? Non parce qu'à moi, on me l'avait beaucoup faite, au début, c'est vrai. Puis on me l'a moins faite, mais toujours un peu trop.

Je ne regrette pas le temps où on me la faisait, alors que, tout autour de moi, on ne la faisait pas aux autres. 
-Qu'ont-ils de plus que moi ? Pourquoi faut-il tout le temps qu'on me la fasse ? pleurnichais-je auprès de ceux à qui on ne la fait jamais. 
-Tu crois qu'on te la ferait si tu décidais un beau matin d'interdire à quiconque de te la faire ? qu'ils répondaient. Ce n'est qu'une question de volonté.

Ils avaient raison. Personne ne doit vous la faire. Jamais. C'est alors que ma vie a changé, et résolument, je peux dire qu'on ne me la fait plus. 


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Bras

Je n’ai que deux bras. Au bout de mes deux bras sont accrochées deux mains qui depuis des heures tiennent dix cartes. On joue à Papayoo. Ne me demandez pas de vous expliquer les règles, sachez juste que c’est fort cocasse et très divertissant, sinon je ne serais pas là, avec ma tablette sur les genoux, à essayer de taper mon texte en catimini entre deux levées de plis. Mais je n’ai que deux bras...
Bon, inutile aussi de vous dire que le plaisir de jouer dépasse celui de gagner, et que cela vaut mieux, parce que je ne gagne jamais. En fait le plaisir d'observer et d’écouter parler mes enfants surpasse tout le reste. Je vous ai prévenus, je suis une mère poule. On ne se refait pas.

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Idéal de traverse

Il y a ma vie, officielle. Classique. Normale, devrais-je mettre des guillemets à l’expression ? Et puis il y a mes rêves fous, mes pauses, mes changements de rythme, mes pulsations profondes et désordonnées, mes inquiétudes échevelées, mes parenthèses. Mes chemins de traverse, en somme.

Et rien ne me ferait renoncer à ces battements de cils et de cœur, qui m’éloignent de la route principale quand je me hasarde à cueillir une fleur sur le talus.

Quand je m’arrête pour contempler le paysage comme d’un belvédère. Mon idéal de traverse, qui fait que jamais de ma vie je ne m’ennuie.

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Vous auriez dû lire votre horoscope qui vous aurait prévenu

 Evidemment, ça donne envie d’aller voir l’horoscope, juste pour vérifier. Oui parce que je ne le lis pas tous les jours…Et je n’ai pas tout le temps mon ami Blutchy sous la main, non plus. L’horoscope…oui mais lequel ? Il y en a autant qu’on veut sur Glougueule. Et ils disent tous des trucs différents. Ah si...ils sont quand même d’accord pour parler du carré Lune Uranus, qui n’est soi-disant pas bon du tout pour les béliers.

Moi ce que je sais, c’est que jusqu’à présent, je n’ai pas senti de fâcheuse influence astrale sur ma journée. Vous croyez que je peux me ramasser un sapin sur le coin de la pomme d’ici ce soir ?

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